DESSIN DE PRESSE DE PLANTU.

INTRODUCTION

Depuis une vingtaine d'année, la Chine connait une forte croissance économique, le mode de vie des chinois a fondamentalement changé; pourtant le régime politique est resté le même. Dans ce pays qui ne cesse d'évoluer, la censure exercée sur les médias par les autorités persiste. Notre TPE portera sur la censure d'un média, l'internet, en Chine.
La censure, du latin censura est selon le Petit Larousse 2005 le « Contrôle exercé par un gouvernement, une autorité, sur la presse, les spectacles etc., destiné au public »
L’origine du terme censure remonte au poste de censeur, créé à Rome en -443. Le censeur était un magistrat élu dont l’autorité était suprême. La première loi sur la censure fut instaurée en Chine en 330. Trois types de censure ont été exercés dans l’histoire :
• La censure par les autorités religieuses: ainsi, dans le domaine artistique, de nombreuses toiles ont fait l'objet de censure par ajout de feuilles de vigne ou d'habits rajoutés sur les œuvres originales pour en voiler les nudités exposées comme Adam et Ève chassés du paradis de Massaccio. (oeuvre à droite);
• La censure par les autorités civiles durant le siècle des Lumières sous Louis XV où la Librairie contrôlait tous les textes en voie d’impression;
• La censure postale pendant la première guerre où certaines lettres des combattants à leurs proches ont été interceptées par les autorités pour ne pas révéler les terreurs de la guerre.
Aujourd’hui, la censure perdure dans certains pays comme en République Populaire de Chine (RPC).
La RPC est un pays dont le gouvernement fut autoproclamé le 1er Octobre 1949, du fait de la victoire du Parti Communiste Chinois (PCC) contre le parti Guomindang conduit par Tchang-kai-chek. Ce dernier domina le gouvernement central de la République de Chine à partir de 1928. La RPC est aujourd’hui une république socialiste dirigée par un parti unique, le PCC. Après avoir subi un régime communiste de type soviétique, le pays s’est tourné vers l’économie capitaliste et est aujourd'hui "l'atelier du monde" et celui dont la croissance est la plus élevée (prés de 10% par ans alors que l'occident connait une crise).
Notre TPE portera sur la censure en Chine et plus précisément sur la censure de l’Internet par le gouvernement chinois. Nous nous demanderons comment et pourquoi la Chine censure son internet.
Nous répondrons à cette problématique en étudiant les façons qu’utilise ce gouvernement pour censurer son Internet, puis nous nous demanderons pour quelles raisons la Chine bloque certaines informations à sa population.

A) LES MOYENS MIS EN OEUVRE POUR CONTROLER INTERNET

Selon Pierre Haski dans son livre Internet et la Chine, « Lorsque dans les années 1990 les dirigeants chinois ont été confrontés à l’émergence d’Internet, ils avaient le choix entre deux attitudes : bloquer cette technologie potentiellement dangereuse car vecteur d’informations et d’idées non contrôlées, ou épouser la modernité économique et tenter d’en atténuer les effets négatifs ».

Nous allons dans cette première partie nous demander comment la République Populaire de Chine contrôle l’accès de l’Internet à ses citoyens en traitant les moyens mis en œuvre par le pays pour censurer ce média, puis des peines encourues par les «cyberdissidents», c'est à dire des personnes qui transgressent la loi en publiant sur internet des informations ou des opinions qui ne sont pas approuvées par le gouvernement.

La Chine, afin de contrôler l’accès à Internet de ses occupants met en place des moyens gouvernementaux, humains et technologiques. Nous allons donc traiter ces trois sujets dans cette sous partie.
Tout d’abord, le gouvernement chinois a mis en place plusieurs centres, bureaux et ministère afin de contrôler l’Internet :
-le Bureau Internet et le Centre d’étude de l’opinion publique du Bureau de l’information du Conseil d’Etat ;
-le Bureau Internet et le Bureau de l’information et de l’opinion publique du département de la communication ;
-le ministère de l’Industrie de l’information ;
-le Bureau de surveillance et de sécurité des informations sur Internet du ministère de la Sécurité publique ;
-le Centre d’enregistrement des informations illégales et inconvenantes sur Internet du ministère de l’Industrie de l’information.
Ainsi, depuis plus de 10 ans, ces centres, bureaux ou ministères sont à l'origine des lois, règlements et autres codes de conduites permettant la censure progressive du média.
De plus, la Chine met en place des moyens humains. Ainsi, elle a crée la cyberpolice (des dizaines de milliers de personnes, le nombre de 40.000 agents étant généralement cité, sans aucune certitude). Ces agents sont répartis à travers la Chine, disposant d’un matériel électronique considérable.

Ces agents sont assistés de 280.000 modérateurs (ou honkers), chargés d’orienter les débats dans les forums et, si le cas se présentait, dénonceraient les internautes qui s’éloigneraient trop de « la ligne officielle ». Ces "honkers" peuvent être volontaires ou salariés. Selon l'hebdomadaire de Canton Nanfang Zhomou, les agents d’influence recrutés doivent « comprendre la politique gouvernementale, être suffisamment informés des théories politiques, et être politiquement fiables. Ils seront les guides de l’opinion publique, apparaissant comme de simples internautes, c’est plus efficace ». Ces "honkers" auraient joué un rôle important dans la gestion de la crise tibétaine en mars 2008 (voir photo).

Le gouvernement Chinois a également mis en place des moyens technologiques afin de contrôler l’Internet. Il faut savoir que le système de censure chinois est composé de trois logiciels de censure : la « nounou net », logiciel éliminant le contenu en forçant l’auto censure. Le « grand pare-feu » qui bloque l’accès à l’Internet en Chine Continental et les « moteurs de recherche manipulation » qui cachent les sites en les rendant invisibles. A ces moyens de censure s’ajoute le logiciel filtrant les sites Blue Shield, plus puissant que son prédécesseur avorté Green Dam. Ce filtre a été lancé par le gouvernement, officiellement en tant que logiciel bloquant l’accès aux sites pornographiques. Mais, ce logiciel est un puissant outil de censure car selon Reporters Sans Frontières, il bloque aussi les sites culturels, d’informations et politique. Ceci est d’une grande aide pour le parti communiste chinois pour maitriser les informations. Les sites politiques bloqués, cela permet au gouvernement de laisser ses citoyens dans l’ignorance. De plus, les moteurs de recherche tel que Google ou Yahoo! ont acceptés de plier devant la Chine en acceptant de ne pas divulguer certaines informations, essuyant une rafale de critiques dans le monde. Les mots comme « dalaï lama » ou « démocratie » sont filtrés par ces moteurs de recherche. Par ailleurs, selon Reporters sans frontières, 14 multi-nationales auraient fourni au gouvernement chinois des technologies permettant la censure (Cisco Systems, Microsoft, Nortel, Sun Microsystems).
Le gouvernement chinois a mis en place des moyens afin de contrôler l’accès aux informations via Internet. Et a également prévu de sanctionner ceux qui réussisent à enfreindre les règles

LES COMPLICES DE LA CENSURE


Certaines entreprises internationales, pour pouvoir s'implanter en Chine se sont rendues complices de la censure en acceptant de censurer certaines informations. Par exemple l'entreprise americaine Apple a accepté de censurer certaines applications de l'iPhone, le téléphone portable conçu par la marque, sous la pression des autorités. Les applications censurés en Chine concernent le Dalaï Lama, par exemple l'application "nobel laureates" contenant des informations sur les lauréats du prix nobel, dont le Dalaï Lama. De plus, les entreprises americaines Google et Yahoo ont cédé aux autorités en acceptant de censurer la version chinoise de leurs moteurs de recherche. Actuellement Yahoo est poursuivi par une organisation pour la défense des droits de l'homme, "world organization for human rights" pour avoir fourni au gouvernement chinois des informations lui permettant d'arrêter des "cyberdissident" chinois.



B) LES PEINES ENCOURUES

En Chine, les "cyberdissidents" sont sévèrement punis par la loi.
Ces « cyberdissidents » s’exposent donc a des sanctions décidées par un tribunal. Ainsi, les peines risquées vont des amendes à l’emprisonnement, voire à la peine capitale pour des «accusations d’atteinte à la sécurité de l’Etat». Les procès se déroulent la plupart du temps à huis clos, on parle même de torture en prison. Ils ont lieu alors que les prévenus ne sont pas présents à l'audience, ils attendent leur sentence en prison.
La Chine détient le record mondial d’internautes en prison : selon Reporters Sans Frontières, sur 68 cyberdissidents emprisonnés dans le monde début 2008, 49 le sont en Chine, le plus ancien depuis 1999. L’objectif de ce nombre record est selon Pierre Haski «d’envoyer un message à l’ensemble des Chinois pour qu’ils comprennent que l’Etat sait tout et peut tout savoir». Même si ce n’est sans doute pas vrai, le doute s’installe dans les esprits. Comme nous l’explique un universitaire hong-kongais : « il est plus facile de bloquer les esprits que les sites ».
Parmi les cas les plus médiatisés, citons Lin Hai (2 ans d’emprisonnement pour avoir fourni des adresses e-mails à un magazine en ligne américain), Wang Youcai (11 ans pour avoir correspondu par e-mail avec des dissidents chinois à l’étranger), et Huang Qi (5 ans pour avoir publié sur son site Web des articles sur Tiananmen).
Nous pouvons donc en conclure que les «cyberdissidents» chinois sont sévèrement réprimandés, et que les 49 «cyberdissidents» emprisonnés servent a dissuader les 200 millions d’internautes chinois de mettre en ligne des informations interdites par le gouvernement.

II) POURQUOI LA CHINE CENSURE T'ELLE SON INTERNET

A) LES RAISONS DE LA CENSURE.


Selon Reporters Sans Frontières, la Chine est désignée comme l’un des ennemis d’Internet. La Chine a transformé son réseau internet afin d’empêcher les internautes d’accéder aux informations jugées indésirables par le gouvernement.
La législation chinoise sur le droit de la presse interdit à tout organes d’information de publier des faits qui n’ont pas été vérifiés par la presse officielle du parti communiste chinois. Il en va de même pour les informations venant de l’étranger qui sont vérifiées par le gouvernement avant de parvenir à l’utilisateur chinois. Sous prétexte d’installer des logiciels permettant de filtrer les sites à caractères violents et pornographiques pour protéger les enfants, la Chine, filtre, grâce à ces logiciels, des mots interdits par le gouvernement tels que «homosexualité», «Tibet» ou «Falun gong» un mouvement religieux interdit.
La Chine censure donc pour des raisons politiques, afin d'empêcher la diffusion d’idées contraires aux idées du parti unique.
par exemple les incidents de la place Tian’anmen, des manifestations d’étudiants entre avril et mai1989 à Pékin dont les informations sont devenues inaccessibles sur la Toile. Ces étudiants dénonçaient la corruption et réclamaient des réformes politiques. Pour mettre fin à ces manifestations, le gouvernement fit intervenir l’armée. Les répressions furent violentes et se sont traduites par plusieurs milliers de mort et de nombreuses arrestations. Le gouvernement chinois censure ces informations afin que les chinois aient une bonne image du gouvernement et qu’il ne vienne pas à la tête de certains chinois de récidiver. La Chine censure de plus les informations en rapport avec le Tibet. Depuis son invasion en 1950 par l’armée Chinoise, le Tibet à été annexé. Mais, les tibétains considèrent la présence chinoise comme une occupation étrangère du territoire. En Chine toutes les informations concernant la volonté d’indépendance du Tibet sont censurées, pour que la population partage l’avis du gouvernement et non celui des tibétains.
La Chine censure internet lorsqu’un événement risque de déstabiliser le pays. Par exemple lors des jeux olympique de Pékin en 2008 ou encore le 20ème anniversaire des manifestations de Tian'anmen, le 4 juin 2009. Le gouvernement, de peur de débordements bloque plusieurs sites tel que Twitter, Blogger, YouTube, ou encore Blogspot.
En conclusion, la Chine censure son internet et empêche la diffusion d’informations pour préserver la stabilité du gouvernement et ne pas mettre en danger le parti unique.
Maintenant que nous avons étudié les raisons de la censure, nous allons étudier les sujets censurés.

B) LES SUJETS CENSURÉS.

Ayant vu dans la première partie les moyens mis en œuvre pour censurer, nous allons maintenant voir les sujets censurés par le gouvernement.

Tout d'abord, la Chine censure par mots clés. Elle oblige ainsi les moteurs de recherche s’installant sur le pays (Yahoo!, Google ou Baidu: premier moteur de recherche en Chine) à censurer certains mots clés, empêchant ainsi de faire usage de ces mêmes moteurs de recherche afin d’obtenir certaines informations sur des sujets qui placent le gouvernement dans une mauvaise position d’une façon ou d’une autre. Ces mots clés sont au nombre de 236. Parmi cette liste, seulement 18 concernent des obscénités, les autres étant liés à la politique (pour 92% d'entre eux) et à l'histoire du pays, le meilleur exemple étant celui de la place Tian'anmen (un exemple figure en bas de l'article). Le Washington Post a pris possession de cette liste de mots et les a tous essayés. L'étude révèle que dans certains cas, il a été possible d'accéder à des pages contenant le mot recherché mais les pages sensibles étaient le plus généralement impossibles d'accès.

En plus de cette filtration par mots clés, la censure s'exerce sur des sites particuliers. Ainsi, les sites d'information étrangère et spécialement ceux détenant des forums, la BBC news et Hong-Kong news sont ainsi très surveillés. Tous les sites sur l'indépendance du Tibet ou des Ouïghours, tout comme les sites religieux et du mouvement spirituel chinois Falun Gong. Et pour finir, l'une des causes officielle de la censure, la pornographie.

Ainsi, tout ce qui pourrait remettre en cause la légitimité du gouvernent chinois est caché, bloqué ou même détruit par le gouvernement.




UN SUJET CENSURE: TIAN'ANMEN

Nous pouvons voir sur ces deux images l'un des sujet les plus censurés en Chine: Tian'anmen. Ainsi, la première image nous montre le résultat d'une recherche d'image en tapant "Tian'anmen" dans la barre de recherche de Google en Chine. Tandis que la deuxième nous montre le resultat du Google chinois mais dans un autre pays que la République Populaire de Chine. La recherche en Chine nous montre la place et les batiments qui l'entourent tandis que dans un autre pays, la recherche nous montre des photos de l'évenements du 4 Juin 1989. Nous pouvons ainsi voir un exemple type des sujets censurés par le Gouvernement.

(vous pouvez agrandir l'image en cliquant dessus)


CONCLUSION.

Comme nous avons pu le voir dans ce TPE, la Chine censure son Internet de manière intensive sur tous les sujets pouvant affecter la réputation d'un parti unique: le Parti Communiste Chinois. Les moyens sont nombreux pour bloquer ces informations et les peines des « cyberdissidents » sont connus par les populations chinoises, ce qui permet de dissuader certains individus voulant exprimer leurs idées. Les raisons de la censure sont concrètes et les sujets censurés nombreux.

Pourtant, bien qu'existante sur Internet, la censure perdure dans les autres médias comme la télévision ou les journaux et, elle n'existe pas qu'en Chine mais aussi dans d'autres pays comme la Corée du Nord ou l'Iran (comme vu récemment lors des manifestations contre le gouvernement Iranien où une jeune française a été emprisonnée temporairement pour avoir envoyé des photos de ces manifestations en France) et, selon Reporter Sans Frontières en ce moment, 111 cyberdissidents seraient emprisonnés dans le monde.

UNE ACTUALITEE RECENTE: GOOGLE ARRETE LA CENSURE !


Après avoir reçu des messages de défenseurs des droits de l'homme sur la censure qu'exerce la Chine sur son moteur de recherche, Google a prit la décision de ne plus subir ces blocages exercés par le gouvernement. Ainsi, depuis le 13 Janvier 2010, Google a fait une annonce plus que surprenante expliquant qu'il ne subirait plus les diktat imposé par le PCC. Ainsi, depuis ce 13 Janvier, toutes informations sont visibles sur le Google Chinois, on peut donc taper Tian'anmen en voyant les évènements du 4 Juin 1989, tout comme les évènements au Tibet en mars 2008. On peut donc penser qu'un léger changement se déroule, en ce moment même, sur l'Internet Chinois même si le quotidien hongkongais South China Morning Post prévient que "L'accès à Google sans filtrage ne devrait pas durer" du fait qu'il serait dans ce cas enlevé du marché Internet Chinois.

BIBLIOGRAPHIE

- Ouvrage

- Haski Pierre. Internet et la Chine. Médiathèque. Seuil, 2008

- Articles de périodiques.

- Pedroletti Brice. Derrière Lu Ba un logiciel anti pornographique chinois, se cache un programme de censure politique. Le monde, 24 juin 2009.

- Reporters sans frontières dénonce les pays pratiquant la censure sur le web. Le monde, 14 mars 2009.

- Xun Jiang, La littérature chinoise s’émancipe sur le net. Courrier International, 15 au 21 juin 2000. N°502.p80

-Zhizhi Du. Comment Pékin contrôle la presse. Courrier International, 13 au 19 juillet 2006. N°819, p38

-Zylberman Joris, Son blog insoumis vaut dix ans de prison. Alternatives internationales, mars 2009. p39

- Sites Web

- Chine information [en ligne]- Disponible sur: http://www.chine-information.com

- Reporters sans frontières. [en ligne]- Disponible sur: http://www.rsf.com

- Aujourd’hui la Chine. [en ligne]- Disponible sur: http://www.aujourdhuilachine.com

- Wikipedia. [en ligne]- Disponible sur: http://www.wikipedia/wiki/censure_de_l’Internet_en_République_populaire_de_Chine.com

- Ostic info.[en ligne]- Disponible sur: http://www.ostic.info/docs/05_chine2.pdf

- PC inpact [en ligne]- Disponible sur:
http://www.pcinpact.com/actu/news/35944-Yahoo-censure-chine-poursuites.htm


- Article de dictionnaire

- Censure. Dictionnaire Larousse, 2005.